« Les supporters sont là »


Les rencontres Grenoble / Bourgoin ont toujours un petit engouement spécial, suprématie régionale oblige, tant du point de vue des joueurs que des spectateurs. Rencontre avec ces passionnés capables de faire des centaines de kilomètres pour encourager leur équipe.

Il est 19 heures trente minutes avant le coup d'envoi, la billetterie du stade Lesdiguières fonctionne à plein régime.
La foule des supporters envahit peu à peu les tribunes. Les commentaires sur la prestation de l'équipe de France dans l'après-midi contre le Canada vont bon train alors que les joueurs s'échauffent.

10 minutes avant le coup d'envoi, la tribune Marcel Finet est pleine et les chants commencent déjà à résonner. Les Grenoblois répondent aux Berjalliens et vice-versa. Alors que le coup d'envoi est donné par Alain Lorieux, un des héros de la première coupe du monde, le stade est bien garni. La pluie, invitée surprise, accompagne ce début de partie et les nombreux spectateurs du pesage craignent le pire "c'est un temps écossais" dit même l'un d'eux, abrité sous un journal qui lui sert de parapluie.

Christophe, Claude, Jeannot et Pascal, fidèles au FCG depuis plus de vingt ans râlent :" il y a du monde à Grenoble mais on ne peut pas dire que c'est des supporters. Pour le premier match de la saison à Colomiers, on était les quatre seuls Grenoblois. Ici, le public est froid sauf pour les phases finales ". Installé dans un coin de la tribune Marcel Finet, ces joyeux lurons, tout de rouge et bleu vêtus, tapent sur le tambour et donnent de la voix.
Quand, après 25 minutes de jeu, la tribune officielle commence à pousser avec la mêlée grenobloise, Jeannot s'écrie "enfin, ils ont fini la sieste !".Une grosse averse tempère l'enthousiasme du pesage, alors que la mi-temps approche.
"J'ai déjà plus de voix et il reste encore quarante minutes, ça va être dur !" ajoute Christophe.
A vingt mètres de là, au milieu de la colonie ciel et grenat, Nicolas, accompagné de son père, analyse la première mi-temps :
" le jeu est trop haché et on perd trop de ballons. L'arbitre a peut être peur que le match dégénère c'est pour cela qu'il siffle beaucoup ".

Que le sport en sorte vainqueur

Son voisin, fervent supporter des ciel et grenat ajoute d'un ton ironique " il y a quand même quelques supporters grenoblois ici ".Venu avec toute sa petite famille, il y va de son commentaire :" il y a deux belles équipes, un beau stade et une bonne ambiance et même si il y a quelques "marrons", derby oblige, il faut que le sport en sorte vainqueur. Mes enfants sont là et j?essaye de leur inculquer les valeurs qui sont celles du rugby, c'est-à-dire, le respect et l'envie de gagner. J'espère seulement qu'avec la professionnalisation les joueurs vont garder l'esprit du rugby et que le fric ne va pas tout gâcher".

Une décision arbitrale pas comprise par les spectateurs provoque le courroux de la grande tribune et une pluie de journaux s'abat sur le terrain "on n'est quand même pas des hooligans, c'est dommage de voie ça" s'exclame ce supporter peint sur tout le visage.
Le match s'emballe, pénalités et essais se succèdent. Il reste dix minutes, Bourgoin mène d'un point " la fin du match va être chaude, maintenant c'est du 50/50 " mais les joueurs berjalliens, comme les supporters, semblent avoir déjà gagné la rencontre.

Les arrêts de jeu sont irrespirables pour les spectateurs des deux équipes mais au coup de sifflet final, les Berjalliens libérés et un rien chambreurs, s'écrient " on est chez nous, on est chez nous ".
Christophe, Claude, Jeannot, et Pascal, rangent le drapeau rouge et bleu, Bourgoin a gagné. Le stade se vide et les commentaires ne font que commencer... jusqu'à la prochaine rencontre.


Julien REYIVIER
Dauphiné Libéré du 02/10/1999

PREMIER RENDEZ-VOUS EUROPÉEN DU F.C.G. À LESDIGUIÈRES

Une entrée en « Cup » réussie.
Dauphiné Libéré du 28/11/1999


Devant près de 6000 inconditionnels, les hommes de Michel Ringeval ont fait chuter les "Northampton Saints", premiers adversaires européens de la saison. Dans les tribunes, les choeurs anglais ont fait plus que sauver l'honneur...Ambiance.

Après-midi « d?Europe » hier dans les gradins du stade Lesdiguières, pour la réception de l?équipe anglais des « Northampton Saints ».

Depuis la qualification pour le Bouclier européen il y a de cela deux saisons, le public grenoblois retrouvait le parfum particulier, et la bonne pression du trophée européen.
Avec cette "Heineken Cup", qui regroupe ce qui se fait de mieux aujourd'hui dans le monde de l'ovalie à l'échelle du vieux continent. A l'honneur avant le début de la rencontre, toutes les équipes de jeunes du FCG, habillées d'un même et beau survêtement, histoire d'annoncer la couleur aux Anglais et à la scène rugbystique européenne, en montrant que le club isérois a de la réserve pour s'illustrer ces prochaines années dans les compétitions internationales. A quelques minutes du premier coup de sifflet de la rencontre, ce ne sont pourtant pas les inconditionnels des rouges et bleus que l'on pouvait entendre le plus fort.

Mais bel et bien les fervents supporters venus d'Outre-Manche, qui avaient besoin de se chauffer la gorge, en entonnant un prenant "Oh when the saints, oh when the saints go marchin'in...".
Les fans visiteurs s'étaient en effet déplacés en nombre pour l'occasion ; 160 étaient venus spécialement en car, pour investir le bas de la tribune d'honneur, en se faisant remarquer haut et faut, et une soixantaine avaient préféré prendre place dans la tribune nord ou encore les travées Marcel Finet.

Dans cette dernière tribune, le kop de l'association des supportera "Les Ultras du FCG", était bien décidé à ne pas se laisser faire par son homologue britannique. " Le public est assez dur, et un peu froid pour l'instant à Grenoble ", lance d'emblée "Manu", l'homme-tambour du groupe, le visage rayonnant de maquillages... rouges et bleus bien sûr ! " On voit chaque année un grand nombre revenir seulement pour la fin de la saison. Mais la chance d'avoir la Coupe d'Europe, cette année, peut davantage nous rassembler, bien plus tôt dans la saison. Car l'on peut enfin se comparer au rugby britannique. Le championnat qui, pour moi, est le plus relevé, et de loin, en Europe. Aujourd'hui par exemple, nos adversaires ne comptent pas moins de 12 Internationaux dans leur effectif. Le match s'annonce ainsi serré. Comme d'habitude, il devrait se jouer sur des détails. Et peut-être, comme lors du premier match européen en Ecosse, sur des pénalités plus que sévères sifflées par l'arbitre. "

L'arbitre était gallois hier après-midi sur la pelouse du stade Lesdiguières, et comme presque toujours, c'est lui qui s'attira les foudres du public, lorsque ses protégée se cassaient les dents sur la solide défense visiteuse en début de seconde mi-temps.
A noter au cours de la première, le légendaire fair-play "british" qui s'est distingué dans les tribunes, lorsque plusieurs fans anglais ont applaudi Corrihons sur le premier essai grenoblois ! Avant de reprendre, en ch?ur, quelques minutes plus tard, leur célèbre hymne de ralliement à la gloire des « Saints », après le premier, ballon britannique aplati derrière la ligne d'essai.

" On est bons, mais il nous manque un costaud à l'ouverture ", analysait sereinement à la mi-temps Christophe, le responsable des "Ultras", en bonne place dans la tribune Marcel Finet. "On attend beaucoup des nouveaux joueurs étrangers, et notamment du Sud-Africain qui devrait bonifier le jeu en l'orchestrant. " En attendant de voir à l'oeuvre les nouvelles recrues, le supporter tenait à réagir sur la nouvelle formule du championnat de France. Bien remonté le rouge et bleu... " Avec ce système, il n'y aura plus que des matches allers, dans une même poule, durant les trois prochaines saisons. Une nouvelle fois, je, pense que cette formule va entraîner progressivement la mort des petits clubs. Quant à nous, supporters, on se trouvera par la même occasion frustrés. On aura en effet qu'une seule rencontre durant la saison pour, par exemple, défier une équipe comme Toulouse... Cela ne s'annonce pas facile !"

En attendant ce prochain choc national, Christophe et les autres ont pu tirer un grand coup de chapeau à Corrihons en fin de match, qui avec un essai et une pénalité, a renvoyé bredouille les Anglais dans leur ile. Une défaite qui n'a cependant pas empêché les fana des "Saints" de chanter, encore et toujours, après le coup de sifflet final...
Ceux là, on aimerait bien les retrouver !


Bruno ANGELICA
Dauphiné Libéré du 28/11/1999