APPUYÉ sur l'épaule de Geoffrey Abadie, Christophe Juillet grimace de douleur et quitte le stade Jean-Bouin. Direction la clinique du Sport. Il est 16 h 45. Le Stade Français vient de prendre le meilleur sur Grenoble (39-18) et remonte à la deuxième place de sa poule. A six jours du quart de finale de Coupe d'Europe en Irlande face à la province du Munster, les Parisiens se sont rassurés mais ils ont sans doute perdu leur capitaine. « Je peux à peine marcher, lâche Juillet dégoûté. Je crains d'avoir une côte cassée. » Percuté sans ballon sur un fond de touche et contraint d'abandonner ses camarades au bout de 33 minutes, le numéro 8 stadiste ne se fait plus guère d'illusion.

« Cette victoire a un goût d'inachevé »
Dans la soirée, les radios confirment la gravité de sa blessure. « Il souffre d'un traumatisme intercostal sans fracture. On prendra une décision mercredi, mais il a très peu de chances de pouvoir jouer », prétend le docteur Hakim Chalabi. Le forfait probable de Juillet jette comme une chape de plomb dans le vestiaire. D'autant que Christophe Moni, le troisième ligne aile, se plaint lui aussi d'une entorse du pouce droit avec arrachement ligamentaire, et que Christophe Dominici, laissé au repos, n'est pas encore certain d'être rétabli. « Cette béquille à la cuisse droite m'inquiète, avoue l'ailier international. Je ne peux toujours pas courir. » Assis dans un coin, Georges Coste, l'entraîneur, essaie de positiver. « L'élimination en coupe devant Brive a laissé des traces dans les têtes, assure le Catalan. Cette victoire a un goût d'inachevé. Il y a eu beaucoup de déchet dans la finition, mais je préfère retenir les intentions. Grenoble n'est pas une équipe facile à manier, avec ses mecs massifs qui font mal à l'impact. Notre mêlée a eu une excellente tenue, c'est un point positif. » Ne menant que 11-3 à la 56e minute, le Stade doit une fière chandelle au talent de Dominguez, son ouvreur. « Il a fallu la grinta de Diego », reconnaît Marc Lièvremont. Une valise de l'Italo-Argentin, puis un ballon chapardé aux Grenoblois et offert à l'ailier Nicolas Raffault amèneront deux essais libérateurs, le score passant à 25-6. « Ce match était stressant, enchaîne Lièvremont. Les sorties de Juillet et Moni nous ont déstabilisés. Enfin, on s'est rachetés. C'est rassurant, on va aborder sereinement la Coupe d'Europe. »

Bertrand Bourgeault