Le Stade est prêt pour Bordeaux
A Toulouse (stade Ernest Wallon)-Stade Toulousain bat FC Grenoble 52 à 24 (mi-temps : 24-11)
Temps frais et pluvieux ; pelouse grasse ; 13.000 spectateurs environ ; arbitrage de M. berdos (Ile de France)
Pour le Stade Toulousain : 7 essais de Jeanjean (9), Poitrenaud (22, 52), F. Maka (37), Desbrosse (58, 71), Delaigue (80);
1 pénalité de Delaigue (16); 7 transformations de Delaigue (9, 22, 37, 52, 58, 71, 80).
Pour le Grenoble : 2 essais de Carmona (39), Bertrand (56); 4 pénalités de Mercier (3, 19, 65, 68); 1 transformation de Mercier (56).
TOULOUSE : Poitrenaud (puis Clerc, 70); Jeanjean, Desbrosse, Jauzion, Heymans (puis Patey, 61); (o) Delaigue, (m) Dupuy ; F. Maka (puis Millo, 60), I. Maka, Bouilhou (puis Campourcy, 72); Pelous (cap) (puis Brennan, 41), Gérard ; Poux (puis Collazo, 41), Servat (puis Bru, 54), Fiorini.
GRENOBLE : garnier ; Carmona, Lubbe, Lison, Bertrand ; (o) Mercier, (m) Nicoud ; Browne, Puricelli, Frier (cap) ; Ghezal, Blaikie ; Vigna, Ghvaberidze, Perié.
A une semaine d’une demi-finale de Heineken Cup face au Biarritz Olympique, le staff toulousain, comme nous l’avions laissé entendre vendredi, n’a pas bouleversé la composition d’équipe pour la venue de Grenoble. Et si la prudence avait logiquement prévalu dans la gestion des cas de Frédéric Michalak, Christian Labit (tous deux laissés au repos) et Vincent Clerc (léger point de contracture), les autres « cadres » étaient bien présents sur la pelouse d’Ernest Wallon au moment du coup d’envoi.
Pour Guy Novès, cette douzième journée du Top 16 avait pour but d’offrir une répétition générale à l’ensemble du groupe, avant d’aller défier le BO à Bordeaux, le 24 avril. On ne mettra cependant pas de côté que la victoire obtenue samedi sur le FC Grenoble (et de belle manière) permet aux Rouge et Noir d’être mathématiquement qualifiés pour les play-offs, à deux journées du terme de la première phase. Le « poids » du championnat ainsi envolé, autant dire que l’on va beaucoup parler Coupe d’Europe à partir de lundi dans les couloirs des Sept-Deniers.
Après l’ouverture du score de Mercier (2ème), on se demande encore comment les Toulousains n’ont pas scoré le premier essai du match après que Heymans ait envoyé Poitrenaud plein champ vers la terre promise. L’arrière fixait le dernier défenseur mais assurait mal sa passe, qui sortait en touche. Dommage, car dans le cas contraire, l’essai était inévitable.
Cette maladresse n’était d’ailleurs pas la première de ce début de match, mais peu à peu, les Toulousains rentraient de plain-pied dans le match : impeccables en récupération, capables de prouesses individuelles et collectives en attaque, ils investissaient le camp grenoblois. Le premier essai du match, signé Jeanjean, était donc on ne peut plus conforme à la physionomie du match.
Heymans tout feu tout flamme
L’envie manifestée par les locaux, tout au long du premier acte, montrait bien qu’ils ne galvaudaient pas le match, quand bien même un autre, plus important, les attendait une semaine plus tard. Et si leurs audaces se payaient parfois d’erreurs, elles étaient bien vite pardonnées et effacées par le deuxième essai toulousain, pure merveille initiée par un Cédric Heymans des grands jours. On ne pourrait relater ici toutes les actions d’éclat produites par les Toulousains, mais au vu de la première demi-heure de jeu, le jeu des champions d’Europe était mieux huilé que celui entrevu face à Edimbourg en quart de finale de Heineken Cup.
Le dernier essai toulousain de la première période intervenait curieusement après que la Stade a desserré son emprise sur les débats. Mais Cédric Heymans, dans une forme internationale samedi soir (c’est un euphémisme), réalisait sa deuxième passe décisive de la soirée, cette fois à destination de F. Maka. Malgré l’essai quelque peu chanceux de Carmona quelques instants plus tard, le Stade pouvait se féliciter de bénéficier d’une avance confortable à la pause (24-11).
Et de deux pour Poitrenaud
Soucieux de préserver les organismes, Guy Novès procédait à certains changements au retour des vestiaires : Pelous et Poux cédaient leurs places à respectivement Brennan et Collazo. Sans rythme, les premières minutes de la seconde mi-temps ne ressemblaient en rien à ce qui avait été vu à la pause. Mais les coéquipiers de Delaigue, promu capitaine depuis la sortie de Fabien Pelous, occupaient le terrain grenoblois et se mettaient à l’abri d’une mauvaise surprise. Une mauvaise surprise que l’on crut arriver quand le kiné Christophe Foucaud fit don entrée sur le terrain pour soigner la cheville de David Gérard. Plus de peur que de mal finalement pour le géant de la seconde ligne.
C’est à l’heure de jeu que les Toulousains eurent le bon goût de se mettre définitivement à l’abri. Certes, Clément Poitrenaud avait déjà scoré quelques minutes plus tôt, mais Bertrand avait immédiatement répliqué. Mais le cinquième essai, signé Desbrosse, donnait vingt points d’avance à son équipe. La victoire était en poche, ce qui ne pouvait qu’augmenter qu’un peu plus le plaisir d’un public sevré de beau jeu. Le public qui réserva une bien belle ovation à Cédric Heymans lors de sa sortie du terrain. Des acclamations bien méritées pour l’incontestable homme du match.
Sans doute en raison des multiples changements, la fin de match était assez décousue. On n’en tiendra pas rigueur aux Toulousains, auteurs jusque là d’un match très plein. On notera toutefois les quelques manqués de la défense sur certaines phases et un nombre de plaquages manqués que le staff jugera à raison trop important.
On notera enfin que, cerise sur le gâteau, Yann Delaigue inscrivit dans les arrêts de jeu l’un des essais de l’année. Le dernier d’une série de sept qui donnait à la victoire stadiste des allures de démonstration. Le plein de confiance est fait en vue des demi-finales de la Heineken Cup.
Guy Novès: "Un match avec des hauts et des bas, mais sérieux dans l'ensemble. Tous les joueurs présents sur le terrain ont manifesté de l'envie, de l'enthousiasme et du sérieux. Grenoble est venu pour faire un résultat, a joué le jeu. Quant au Stade, malgré l'échéance de la semaine prochaine, il n'a pas hésité à se livrer, avec certaines actions intéressantes offensivement. Je sais pourtant que ça ne pourra pas servir de référence pour la semaine prochaine, car il y a trois niveaux d'écart entre Grenoble et ce qui se présentera samedi prochain.
Dans l'ensemble, je félicite les 22 joueurs. Je dis bien 22, car on a pu faire tourner l'effectif sans que cela n'altère trop la qualité du jeu et tout en conservant cette volonté de bien faire et d'aller de l'avant. Evidemment, il y a du déchet. Mais si je veux des excuses par rapport à cela, je peux avancer qu'il y a à peine dix jours, depuis la fin du tournoi, que l'on travaille. Aujourd'hui, c'était un peu mieux que la semaine dernière: on a perdu moins de ballons au sol, on a été plus rapide dans le soutien... On s'est quand même fait plaisir."
Yann Delaigue: "On a réussi à imprégner un certain rythme à la rencontre, ce qui n'est pas plus mal pour la demi-finale: cela nous mettra en jambes. On a maintenant une semaine pour récupérer et préparer l'échéance de Biarritz. C'est toujours mieux de préparer un rendez-vous important après une victoire, et ce d'autant plus que l'on a pris beaucoup de plaisir sur ce match là. Attention néanmoins , car il y a tout de même eu pas mal de déchets de notre part. Quant à mon essai, je me retrouve avec un ballon au milieu du terrain. Je veux faire jouer un coéquipier à ma droite, et je me suis aperçu qu'il n'y en avait pas! J'ai essayé de me débrouiller tout seul, et j'ai été aidé par le fait que les Grenoblois étaient sans doute assez fatigués à ce moment là de la partie. Bon, c'est un essai comme on en marque assez peu dans sa carrière. Moi en tout cas!"
Yannick Bru: "C'est une coutume de dire que l'on prépare mieux les matchs dans la victoire, j'espère que cela se vérifiera pour Biarritz. En tout cas ce soir, on a emmagasiné de la confiance. Mais sans faire injure aux Grenoblois, c'est une équipe d'une autre dimension qui nous sera proposée à Bordeaux et dans un tout autre contexte puisque ce sera un match éliminatoire. Mieux vaut pas essayer de comparer ces deux rencontres".