Midi Olympique.- Imaginons cette situation: Beale est blessé, Todeschini aussi. Pourriez-vous reprendre du service à l'ouverture?
Didier Cambérabéro.- Non. Catégoriquement, non. A 39 ans, c'est fini. Je me consacre dorénavant totalement à l'entraînement des trois-quarts.
M. O.- A Perpignan vous avez été joueur-entraîneur.
D. C.- Oui, pendant quinze jours. Mais j'ai vite compris que cela n'était pas possible.
M. O.- Un mot de votre expérience à l'Usap?
D. C.- Quand on a fait appel à nous, l'Usap était onzième sur douze. Trois mois plus tard, nous disputions les quarts de finale du championnat. Je crois que l'on peut parler de réussite.
- Le président ne m'a pas fait confiance. Il a choisi quelqu'un d'autre.
M. O.- Et vous avez pris la direction de Grenoble en faisant un petit crochet par Nîmes.
D. C.- Ce qui s'est passé est très simple. J'entraînais l'Usap quand le président Gagnière m'a téléphoné. Nous avons fixé un rendez-vous. Entre-temps, Grenoble m'a appelé, j'ai donné suite.
M. O.- Dans quel état d'esprit revenez-vous à Grenoble?
D. C.- Surtout pas revanchard. Je viens là pour entraîner les trois-quarts d'un club qui a changé sa ligne d'attaque presque en totalité. On a recruté des joueurs pour ça, on m'a recruté pour ça.
M. O.- Quelles sont vos premières impressions?
D. C.- J'ai trouvé un groupe motivé, intéressé par ce qu'on lui propose. Un signe qui ne trompe pas, nous avons effectué ce matin (le vendredi 18 août au stage de Thonon-les-Bains, ndlr) une quinzaine de lancements de jeu: un seul ballon est allé par terre. Bien que tout l'effectif ne soit pas présent, je vois de la qualité, de l'application, de la concentration. A partir de là, on peut faire du bon travail.
M. O.- Quel rugby rêvez- vous de faire pratiquer?
D. C.- Je ne rêve pas d'un rugby spécial, sinon de celui qui fait gagner des matchs. Les champions du monde australiens indiquent la voie à suivre.
M. O.- Quelle méthode allez-vous proposer?
D. C.- Mon message est simple. Il tient en trois mots: confiance en soi, initiatives, enthousiasme. On agite tout ça, la mayonnaise doit prendre. L'essentiel, c'est de se dire que l'on n'est pas plus c... que les autres. Nous effectuerons aussi du travail de technique individuelle. Le rugby a abandonné ça depuis trop longtemps, il faut y revenir. Les joueurs comprennent le jeu, ils savent ce qu'il faut faire mais parfois ils n'y parviennent pas par manque de technique individuelle. Aussi, nous travaillerons certains gestes.
Dans le rugby, il faut rechercher l'efficacité dans la simplicité. Mais c'est très compliqué à atteindre.
La continuité du jeu sera le maître-mot. Pour savoir conserver le ballon, il faut avoir confiance en soi, confiance dans les autres, dans le jeu. Si tout le monde se fait plaisir sur le terrain, touche un maximum de ballon, ça sera gagné. Il faut qu'un ailier se réjouisse d'un essai marqué par un pilier et vice-versa. Il n'y a pas d'un côté les avants et de l'autre les trois- quarts. Il y a une équipe qui doit gagner des matchs.
A ce sujet, la poule de onze clubs est pénalisante avec les quatre matchs que nous devons jouer en semaine. On risque de payer ça au plan physique en fin de championnat.
M. O.- Peut-on savoir comment allez-vous vous organiser sur un plan pratique?
D. C.- Ma famille continuera à habiter à Béziers, moi j'ai trouvé un logement à Grenoble. Je passerai à Grenoble le temps qu'il faudra, entre cinq et six jours par semaine.