Que réserve la saison 2000/2001 à Patrick Goffi? La question vaut d'être posée puisque depuis juin 1997, date de sa prise de fonction, le président a tout connu: le meilleur et le pire. Un peu de meilleur beaucoup de pire. Rappel des épisodes précédents.
1997/1998, la saison noire: vingt-deux matchs, vingt défaites; le FCG est sauvé de la relégation comme Toulon et Nice par décret de la LNR qui maintient un championnat à vingt- quatre clubs.
1998/1999, la saison inouïe. Un redressement spectaculaire initié par Michel Ringeval à partir d'octobre 1998. Une saison comme il s'en produit une par siècle dans l'histoire d'un club! 1999/2000, la saison des espoirs déçus. Le feu de joie de la fin de saison précédente ne fut qu'un feu de paille; jamais le FCG ne sut rallumer durablement la flamme du printemps 1999. Au bout, l'échec en championnat, en Coupe d'Europe et en Coupe de France. Une aventure venait de prendre fin, un groupe avait vécu.
Patrick Goffi qui pensait avoir eu sa dose se retrouvait devant la nécessité de reconstruire une équipe sinon en totalité du moins en grande partie.
S'il pensa un moment laisser tomber le rugby pour aller courir derrière les sangliers qui eux ne reviennent pas sur la parole donnée, ni ne vous plantent des couteaux dans le dos, il se ravisa bien vite, motivé comme jamais par des attaques venant de ces amis qui vous veulent du bien.
Cap au Sud
En capitaine d'industrie tirant les leçons de l'échec, il prit deux mesures radicales.
Un, refonte de l'équipe technique avec l'arrivée aux côtés de Michel Ringeval de Didier Cambérabéro pour s'occuper des trois-quarts et de Daniel Mercier, un Canadien grand spécialiste de la préparation physique.
Deux, grande lessive dans l'effectif seniors. « Nous avons voulu un effectif plus restreint mais de qualité, explique Patrick Goffi. Aussi notre recrutement a fait la part belle aux joueurs sérieux, à ceux ayant des comportements de professionnels. Nous avons également voulu donner leur chance aux jeunes du centre de formation. Nous en avons tenu compte dans nos décisions. Un exemple, c'est pour permettre à Régis Sigoire de jouer en deuxième ligne que nous avons laissé partir des joueurs comme Jolmes ou bien Benazzi. Nous comptons bien intégrer en équipe fanion, Minassian, les frères Messina, Jérôme Taofifénua, Tonita, Liebenberg, tous des jeunes de vingt ans. » Mais l'effet le plus visible de la nouvelle orientation du FC Grenoble est le recrutement de sept joueurs venant de l'hémisphère Sud. Sept sur quatorze. Cinquante pour cent. Le FCG 2000/2001 sera imprégné de fortes senteurs du Sud. C'était la volonté des dirigeants qui attendent des nouveaux venus qu'ils montrent la voie de la rigueur, du sérieux, bref, celle du professionnalisme.
Avec les Mayerhofler, Welborn, Lubbe, Hattingh (quand ils seront là et s'ils ne sont pas usés ou blessés), mais également la famille Taofifenua, Willy le capitaine, Jean-Jacques le leader des avants et Jérôme le neveu grand espoir au poste de pilier, sur les jambes et le pied de Franck Corrihons à la mêlée, la clairvoyance de Beale à l'ouverture, la puissance des centres et du cinq de devant, la vitesse des ailiers Carli et Bertrand, et quelques découvertes issues du centre de formation, le FCG devrait avoir belle allure.
C'est pourquoi l'objectif annoncé du maintien paraît manquer d'ambition. « La déception de la saison passée, m'a appris la prudence, dit Patrick Goffi. Sur le papier, il y a une bonne équipe. Sincèrement, je pense que l'on peut viser le dernier carré. » Vrai. Mais pour cela, il faudra une gestion des matchs et des hommes des plus pointues. Fini le temps où une saison se jouait avec un groupe de vingt joueurs, toujours les mêmes. Finie l'époque des titulaires et des remplaçants. Aujourd'hui, une équipe performante est celle qui possède trente titulaires potentiels, trente éléments pouvant s'intégrer dans un système de jeu à tout moment, trente joueurs sachant que la performance d'un jour ne les assure pas automatiquement d'une place la semaine suivante. Oui, cette saison plus que tout autre, sans roulement, point de salut.
Inutile de revenir dans le détail sur les raisons de l'échec de la saison écoulée, la principale tient à l'absence de concurrence. Cette politique sportive qui évite les conflits recèle hélas des effets pervers. Les principaux étant la démobilisation de ceux qui se considèrent comme des remplaçants et l'usure des titulaires. Le départ de Pakihivatau à Brive est la conséquence directe de cela, la grosse fatigue de Tolofua en fin de saison également.
Le FC Grenoble s'est donné les moyens d'avoir cette concurrence à tous les postes. On ne doute pas qu'il aura aussi la volonté de la faire jouer à fond. Au coeur du système un homme détient la clé de la réussite: Michel Ringeval, le manager général.